Rencontre avec la sagesse

Tant que nous n'avons pas la Vision d'un Ordre supérieur ou d'une Intuition métaphysique (rien à voir avec une croyance), mais d'une Certitude absolue (ou Expérience existentielle) qui fait éclater toutes nos convictions personnelles antérieures à Celle-ci, nous serons toujours confrontés à toutes sortes de questions, de réponses fragmentaires et temporelles, proche du néant, du sans valeur ou insignifiant, comme des ombres inquiétantes qui disparaissent soudainement à la venue de la lumière. Car nous naissons dans l'Ignorance de notre vraie Nature. Notre "moi" est devenu amnésique, suite à notre entrée dans le monde, et nous plongeons de ce fait dans le monde de la souffrance, qui n'est autre que le monde de l'expérience existentielle

La cause d'une souffrance particulière ne disparaîtra que lorsque le "moi" qui l'endure, se transforme et quitte son rituel mental pour naître à sa vraie Dimension, celle de l'Etre (notre Essence interne, Totalité cachée), qui n'excluant rien, replace chaque "chose" à sa vraie position. Le "moi" en dernière analyse n'est que souffrance. Notre Source, notre authentique MOI est en dehors de toutes nos représentations, et nous affranchit de toutes les souffrances.

Ce "MOI" ou "SOI", n'est autre que l'Etre, auquel on ne peut rien prendre ou retrancher. Il est impossible au niveau de l'Etre de devenir prisonnier de l'Avoir ou de tomber sous son emprise. Ce n'est pas l'Avoir que l'homme cherche en définitive, mais l'Etre auquel il aspire inconsciemment. Quant à l'homme, qui est enraciné dans l'Etre ou le MOI, rien ne peut entamer sa Sérénité, sa Plénitude, et le devenir s'étant évanoui comme dans un sommeil "inversé", comme la lumière qui se suffit à elle-même. Quand nous sommes dans l'Etre, les valeurs de l'Avoir sont remises à leur juste place. L'Avoir ne pourra jamais se substituer au rang de l'Etre. Voilà les voies de la Sagesse: ne rien avoir et pouvoir disposer de Tout!

Etre, c'est être libre de l'avoir, des possessions ou des dépendances de l'Ignorance  (suite à notre naissance en mode corporelle). L'Etre libère, l'Avoir asservit. Et l'homme désire l'Avoir dans la mesure où il n'EST pas. Les civilisations oscillent entre ces 2 pôles: l'Etre et l'Avoir; le premier construit, le deuxième détruit. L'Avoir  corrompt les coeurs, la joie de vivre s'éteind. La fonction, des religions et des philosophies est bien de créer un espace pour une science de l'Etre, où l'Avoir a été dépossédé  de son pouvoir séducteur. (L 80).

EXISTENCE ET VIE : les deux extrêmes. Cet exposé succint schématise toute la recherche philosophique fondamentale.

Toute la tragédie humaine se décide à "la naissance" (illusoire d'ailleurs) pour l'homme Céleste ou d'en-Haut; par contre, l'homme terrestre avec conviction se croit "être né". Dans l'état d'Ignorance (oubli de son Essence ou de Soi), disposition qui s'installe à "la naissance", l'homme croit vivre alors qu'il ne fait qu'exister. L'existence est un état privé de ses connections, qui s'accomplit dans l'oubli d'un Absolu auquel il est destiné. Une attente gît au plus profond de lui-même.

Au départ de l'existence, que nous ne pouvons nullement appeler la Vie, Celle-ci n'étant qu'en germe, en partie inconsciente. Il ne suffit pas d'être "né" pour être Vivant, ce qui serait faire fi de l'existence. Nous sommes uniquement une individualité qui cherche à satisfaire des besoins, des plaisirs sensoriels auxquels elle ne cesse de s'attacher, n'ambitionnant dans son existence, que ce qu'elle s'est habituée à connaître: une sorte de mécanisme. L'existence contient la Vie en partie, mais nous n'en percevons que des lueurs insaisissables, sans jamais l'atteindre totalement (ce qui permet de l'accepter d'ailleurs).

Le paradoxe de notre condition, c'est que nous cherchons la Vie à travers l'existence, ce qui serait juste, si nous n'étions pas en état d'Ignorance, laquelle engendre la Souffrance, le tout dans un état d'inconscience. Lorsque l'état d'Ignorance prend fin, l'existence disparait pour ne laisser place qu'à la Vie, qui Elle n'a aucun opposé, et encore moins la mort! On ne peut pas chercher la Vie, mais seulement la rencontrer.

Voici en conclusion, ce que nous pouvons exprimer en langage "usuel ""habituel", lequel est dualiste, le mental ne créant que des concepts, c'est une évidence.  La seule certitude que nous ayons dans" la vie", c'est qu'en naissant, nous mourerons un jour; alors quelle sorte de "vie "est-ce là? Peut-on raisonnablement parler de Vie dans ces conditions? Pourquoi chacun adhère-t-il à cette conviction, et même plus, s'en fait une certitude? Il faut toutefois ajouter au sujet de cette affirmation, que l'on ne la formulera qu'à partir de l'âge de raison, stade où le mental va se structurer et la pensée rationnelle s'établir. Il ne faudrait pas en conclure que cela n'a pas de valeur; ce serait oublier, que la pensée est une passerelle nous servant à franchir les deux mondes qui nous habitent  et nous séparent, et aussi de voir toutes les incompréhensions qu'ils génèrent.

suite Dialogue 5