Rencontre avec la sagesse

La Vie s'offre à nous comme un spectacle. Le Spectateur du spectacle  a pour caractéristique d'être immuable; les objets du spectacle changent, mais le sujet qui les perçoit reste toujours le même. Seulement, c'est le mental (notre esprit) qui lui subit les changements et qui prend la place du sujet ou du Spectateur. Alors que le vrai Spectateur, Atman ou le Soi est le Voyant Suprême du spectacle et ne peut être en aucun cas être affecté par le spectacle; un objet perçu n'est en définitive qu'une modification du mental.

Il importe, en conséquence, de distinguer ce qui change, le spectacle, de ce qui ne change pas, le Spectateur, qui lui est la Réalité Ultime, le Soi, La Pure Conscience. L'enseignement du Védanta , nous convie à nous situer en tant que Témoin. On met ainsi l'accent sur une fonction du Spectateur, comme un pont entre notre conscience individualisée et le Soi ouAtman. Le Soi n'agit pas lui-même, mais il est Témoin de toutes nos actions. Citons Nisargadatta Maharaj :" Quittez l'action pour la Conscience, laissez l'action au mental et au corps, c'est leur domaine. Demeurez pur Témoin jusqu'à ce que sa vision se dissolve dans La Pure Conscience (ou l'Eveil) p421 JE Suis.

Le Spectateur est l'Etre même; nous n'en connaissons que des manifestations avec l'infini de possibilités de spectacle. De ce point de vue, quelle est la valeur du spectacle? " Il en est de ce Spectateur et du spectacle, comme de l'argile et des multiples objets que l'on peut façonner avec de l'argile. L'argile en soi n'est jamais perçue. Ce que l'on voit, telle cruche par exemple, n'en est qu'une forme. Peut-on dire, que l'argile soit une entité distincte de la cruche? Il n'y a pas 2 choses, l'argile et la cruche. Actuellement, l'argile se présente sous une forme particulière, mais il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais que de l'argile. Elle est l'infinie possibilités de formes." p47 Intuition Métaphysique. Prenons, l'exemple avec la projection d'un film: l'écran lui est statique, la lumière du projecteur est dynamique. Votre Réalité est l'écran, c'est à dire votre Conscience Pure, Profonde. La lumière que projette votre film est La Conscience. Le film est votre vécu, l'expérience, ce que vous percevez dans l'existence; L'écran lui est réel, inchangé, non affecté par le film, tandis que le film peut être varié à l'infini, agréable ou non, et sans écran le film ne peut être. Vous pouvez supprimer le film, pas l'écran; on peut dire que l'écran est réel et le film irréel, et observez que pendant la projection du film; l'écran et le film ne font qu'un. Ce que vous prenez pour réalité est un mélange de réel et d'irréel, dont l'un est fixe, stable et l'autre mouvant , interchangeable.

Dans la projection, nous ne sommes plus conscient de l'écran, mais du film; alors les péripéties du film nous absorbent. L'écran est le substrat de la Réalité, tandis que le film est illusoire et apparence par rapport à ce substrat; Le film est notre conscience altérée, modifiée. L'irréalité peut être comparée à une vague, et la Réalité à l'océan. Si je suis identifié à la Conscience de n'être qu'une petite vague, alors qu'en réalité, je suis l'immence Océan infini, un Océan de Conscience. Si nous ne voyons que les vagues, nous ne pouvons pas imaginer l'immobilité de l'ocean sans vagues, nous oublions qu'à l'intérieurr de chaque vague qui naît, se déplace et meurt, existe un océan qui lui ne naît pas, ni ne meurt. Chaque Conscience non-née, immortelle, non-mesurable, sans forme est notre Réalité, notre Pure " Je Suis" sans attributs comme nous le verrons par la suite. Les états de conscience sont comparables aux vagues de l'océan.

Tout ce que nous prenons pour la Réalité est un mélange de Réel et d'irréel qui lui n'arrête pas de changer; c'est une image ou une pensée suivie d'une autre. Le Soi, c'est ce que vous êtes. Prendre attention des formes momentanées de notre conscience, revient à distinguer l'irréel du Réel; c'est ce qu'on appelle la discrimination; ce qui veut dire aller à l'essentiel. Se laissez prendre par le film, c'est perdre l'essentiel. Les moments" heureux" de notre film, qui se trouve toujours imaginatif, et que l'on voudrait prolonger ne peuvent en aucun cas nous combler et nous plonger dans un état de Félicité, car tout bonheur sur le plan relatif ne dure pas; Et le moi?: c'est la suite des évènements du film, plus nous sommes égotique, plus nous nous attachons au film, l'irréel, l'évanescent, le temporaire, qui sont source de souffrance, et qui met en route le film: le désir. La méditation, à ce niveau d'explications, est tout simplement d'arrêter le film. Pour en terminer avec le film, nous ajouterons que la Conscience Pure, la Réalité a deux mouvements, un statique: l'écran et l'autre dynamique: la lumière du projecteur. Ces deux éléments écran et projecteur ne peuvent pas être supprimés, le film oui.

Nous avons vu les 3 modalités de la conscience, et comme précédemment qu'un 4ème état libérateur existait. Nous pouvons ajouter, qu'il existe 2 niveaux de conscience dans notre relation avec le Réel et l'irréel qui peut disparaître, sans que le Réel n'en soit affecté (dans l'état d'Ignorance: le sommeil). Le Réel ne peut être supprimé. Notre existence consiste bien en un mélange de Réel et d'irréel en tant que succession d'état de conscience. L'homme ordinaire ne fait que s'appuyer et jouer avec ceux-ci, et dans un état illusoire croit échapper à leur emprise: en fait, il tourne en rond. Notre individualité est comparable à une jarre, l'air contenu à l'intérieur ne disparait pas ,ce qui disparait , c'est sa limite; Cet air communique librement avec l'air ambiant. L'Unité est réalisée: c'est cela la Réalisation ou la Libération.

Dans chaque acte de perception, il y a double conscience, double vision de ce qui demeure, le Réel. " Cette première ordinaire est une fonction du mental s'exerçant par l'organe de la vue; c'est un acte et de ce fait, elle a un commencement et une fin. Mais la Vision Réelle, celle de l'Atman (le Soi) est le Témoin de cette vision ordinaire et sa vision est comme la chaleur et la lumière du feu, étant l'essence même du Témoin, elle n'a ni commencement, ni fin. Parce qu'elle semble reliée à la vision ordinaire, qui est produite, et qui n'en est qu'un mode, on l'appelle la Vision Réelle "Le Témoin", de ce fait, c'est elle-même qui se différencie en témoin et vision" Commentaire de Shankara. La Vision de l'Atman est la Vision de l'Impersonnel( ou rien ne nous affecte plus). C'est la Réalisaton la plus haute que l'homme puisse atteindre; tous les désirs qui taraudent justement l'homme ordinaire ont disparu).

suite Dialogue 14